REACT (ANR-20-CE28-0012) est un projet de recherche sur les pratiques réactives - nos pratiques en rapport avec l'expérience d'une injustice ou d'un tort, telles que la punition, le blâme, la honte et le pardon. Le projet aborde les questions théoriques, normatives et empiriques relatives à ces pratiques, en se concentrant plus particulièrement sur les distorsions normatives associées à la discrimination. Son objectif est de préciser comment les pratiques réactives façonnent notre pouvoir d'agir individuel et collectif.

Résumé

La notion de "pratiques réactives" est conçue pour faire valoir les dimensions sociales, pratiques et institutionnelles de nos attributions et répartitions de responsabilité. Que signifie faire des reproches, éprouver du ressentiment à l'égard d'une personne ou lui pardonner ? Comment ces pratiques sont-elles liées à l'autonomie, au respect mutuel, à l'inclusion et à l'autonomisation individuelle et collective ? Comment affectent-elles les personnes politiquement opprimées, les personnes socialement défavorisées et les personnes présentant des atteintes cliniques ? Comment pouvons-nous déceler et contrecarrer les pratiques injustes et inappropriées et promouvoir des pratiques plus constructives ?

Un premier volet appliqué se concentre sur les pratiques réactives dans le contexte du crime et de la peine. Il implique des interactions de notre équipe avec des magistrats et des professionnels de la formation judiciaire. La philosophie du droit pénal a souvent simplement exploré l'expression juridique de nos attitudes réactives - comme dans les théories expressives classiques de la peine. REACT, au contraire, s’intéressera à la relation entre nos pratiques punitives et nos pratiques réactives non punitives, mais liées au crime. Comment démarquer conceptuellement ces familles de pratiques ? Par exemple, "faire honte" est-il une forme de punition ? Quels sont les mérites des pratiques non punitives liées au crime ? En quoi cela éclaire-t-il la manière dont nos sociétés devraient traiter les affaires criminelles impliquant une addiction ? Comment les notions de responsabilité morale, de responsabilité juridique et de capacité à répondre de soi devant les autres sont-elles articulées dans nos pratiques réactives ? De quelles manières notre approche pourrait-elle éclairer les politiques visant à prévenir la récidive ?

Un second volet appliqué est une étude de l’addiction à la lumière de nos pratiques réactives à leur propos. L'un des principaux défis des efforts descriptifs et normatifs autour de ce sujet concerne la responsabilité morale et le contrôle volontaire des actions. Cela alimente en retour les défis sociaux et judiciaires liés à nos pratiques réactives tournées vers le passé à l'égard des addicts - par exemple, blâmer, faire honte, stigmatiser et sanctionner. Notre objectif est de clarifier comment les différentes croyances en matière de responsabilité sont liées à différents modèles descriptifs de l'addiction. Nos enquêtes devraient montrer quels modèles peuvent éventuellement soutenir des pratiques réactives non stigmatisantes et tournées vers l'avenir à l'égard des personnes réputées addicts. Globalement, l'ambition est d'offrir un cadre pour réviser nos pratiques envers les addicts, de manière à engager, soutenir et finalement restaurer leur pouvoir d'agir - en aidant leur réadaptation, leur réhabilitation et leur réinsertion dans le paysage social.

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